Sex & Perestroïka – 1990
Un film érotique atypique
L’annonce en tout début du film vous prévient :
“Ce film a été tourné à Moscou par une équipe française, au printemps 1990, sans autorisation officielle et à l’insu des autorités soviétiques. Les personnages et situations que nous montrons sont réels. De ce fait, toute ressemblance avec des événements existants en URSS, pendant la Perestroïka est tout à fait volontaire. Les auteurs.”
Tourné en 1990, juste avant l’effondrement de l’Union Soviétique, Sexe et Perestroïka est un film atypique pour les plus de 18 ans, tourné en Russie sans aucune autorisation officielle par François Jouffa et Francis Leroi.
Sexe et Perestroïka est un film érotique dans la mouvance de ceux tournés dans les années 70-80… mais en Russie. Cette époque a vu naître un réel engouement populaire pour ce style (en France) qui depuis s’est un peu essoufflé. Pour citer quelques films parmi les plus connus de cette époque : Emmanuelle, Histoire d’O, Love inParis…
Sexe et Perestroïka fait assurément partie des films de cette école très à la mode à cette époque, mais celui-ci fait figure d’atypique, tant par la manière dont il a été tourné… que par le lieu choisi pour son tournage, la Russie.
Francis Leroi est connu comme réalisateur, scénariste et producteur, pour avoir été l’un des pionniers du film érotique puis pornographique dans les années 70. Il a réalisé plus d’une trentaine de films, dont plusieurs avec Sylvia Kristel et notamment Emmanuelle 4.
François Jouffa est quand à lui journaliste et animateur d’émissions de radio et de télévision. Il a notamment produit de nombreuses publications sur les musiques rock et hippies des années 70-80. Il a rencontré les plus grandes stars de son époque comme en témoigne sa biographie Wikipédia. Il a aussi produit de nombreux enregistrements de musiques traditionnelles de cultures très diverses.
Sex & Perestroïka – La bande annonce du film
“5 ans après la mise en place de la Perestroïka et de la Glasnost par Mikhaïl Gorbatchev. La caméra de son réalisateur Francis Leroy nous présente la vie de 3 jeunes moscovites… leur rapport avec l’amour, leur rapport avec le sexe. La Russie semble enfin débarrassée de son puritanisme.”
Il fallait du culot pour aller en Russie en 1990, à la fin de l’ère Gorbatchev avec un tel projet sous le bras… Rappelons que certaines scènes ont été tournées sur la Place Rouge ou dans le Métro de Moscou, lieu strictement interdits aux caméras et appareils photos à l’époque. La militsia était chargé de veiller à empêcher les quelques touristes (ou espions) d’emporter leurs souvenirs photographiques ou filmés, ces lieux étant encore considérés comme stratégiques.
Le film est à la fois drôle et original, il a été tourné sans autorisation officielle. En témoigne l’avertissement laissé par ses auteurs au tout début du film. Ce que ses auteurs ne savaient pas en tournant le film… 1990 sonnait la dernière année de l’Union Soviétique qui allait s’effondrer pour laisser la place au putch remporté par Boris Eltsine et à la Communauté des Etats Indépendants. Cet élément rend au film une dimension historique supplémentaire bien qu’involontaire.
Sex & Perestroïka – Le film
J’ai réalisé en interviewant le co-réalisateur du film et acteur François Jouffa, que la version du film que j’avais mise en ligne ici, était en fait une version pirate avec de scènes tournées par d’autres et ajoutée à la version originale. Je l’aie donc retirée.
Sex & Perestroïka – L’interview
François Jouffa est lui même venu un jour commenter cet article que j’ai légèrement modifié depuis (de ma propre volonté). En voyant son commentaire, je n’en croyais pas mes yeux. J’ai tenté sans trop y croire de lui demander une interview… qu’il a accepter… et que voici en deux volet. L’interview est vraiment intéressante et va beaucoup plus loin qu’un simple récit de tournage de film érotique, d’où son format ici en deux volets.
Sexe et Perestroïka – Interview François Jouffa – partie 1
Sexe et Perestroïka – Interview François Jouffa – partie 2
Si cet article vous a intéressé, ému, fait sourire ou agacé, n’hésitez pas à me le faire savoir. J’espère en tout cas qu’il vous a plu.
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Nous savions, bien-sur, que c’était la fin de l’empire soviétique. C’est la raison pour laquelle nous avions décidé d’improviser un docu-fiction à Moscou, alors que le mur de Berlin était tombé quelques mois plus tôt, espérant profiter d’une révolution pour y placer les acteurs in situ. Le film, à mon gout, n’est pas satisfaisant mais c’est un document historique sur une époque disparue dont les Russes ont, aujourd’hui, la nostalgie. Ainsi, la chance de se trouver dans le dernier défilé du 1er Mai soviétique ou de filmer la première manif non autorisée, en faveur de Eltsine.
Un détail : j’étais co-scénariste et co-réalisateur et si j’ai fait l’acteur, c’est que le comédien prévu n’a pas pu venir, son visa pour l’URSS ayant été refusé !
Merci François pour ce commentaire, et merci aussi pour ces précisions sur le contexte de l’aventure, tout aussi intéressant.
J’étais à dix milles lieues d’imaginer recevoir un commentaire de l’un des co-auteur du film. C’est génial 🙂
Tu parles de chance, mais il paraît que la chance sourit aux audacieux. Vous l’avez été assurément sur ce coup là !
Franchement, chapeau, il fallait le faire.