Pyatigorsk, station thermale et pépinière à francophones
Pyatigorsk se trouve à 1400 km au sud de Moscou, à l’entrée du massif montagneux du Caucase
Pyatigorsk est à la frontière des Républiques Autonomes de Kabardino-Balkarie et de Karatchaevo-Tcherkessie. Cette ville d’environ 140 000 habitants est située dans la région des Eaux Minérales du Caucase (Кавказские минеральные воды, Kavkazkie Mineralnye Vody en russe), assez prisée des russes à cause des soins thermaux qui y sont offerts.
Pyatigorsk « cinq montagnes », tire son nom du mont Beshtaou (1400m), composé de cinq sommets, qui domine la ville.
D’après la légende, cette forme a été causée par la fureur de l’Elbrouz (la plus haute montagne d’Europe avec 5642m, à 100km de Pyatigorsk, que l’on aperçoit de la ville) au sujet d’une histoire d’amour avec Mashouk, l’autre mont (900m) de Pyatigorsk.
On trouve au sommet de celui-ci une antenne de télécommunication que les locaux appellent «Notre Tour Eiffel».
Une ancienne forteresse devenue un grand centre thermal
Historiquement, la ville, tout d’abord une forteresse, a été officiellement créée en 1780 par les russes. L’histoire plus ancienne est assez méconnue, on sait par exemple que les Kabardes vivaient dans la région, et que la vallée de la Podkoumok (la rivière) était un petit embranchement Nord de la route de la Soie.
Suite aux succès du tsar face aux Turcs, la zone passa sous contrôle russe à la fin du XVIIIe siècle.
Grâce à l’intérêt scientifique pour les sources d’eau curatives, la place devint une station thermale en 1803 où les grands du pays, au XIXe siècle, s’y pressèrent, ainsi que les exilés célèbres de cette « Sibérie chaude ».
Tolstoï, Pouchkine et notamment Lermontov, symbole de la ville, qui y mourut lors d’un duel en 1841, vinrent à Pyatigorsk. Construit au XIXe siècle par des architectes européens, le vieux quartier témoigne encore de la modernité du style architectural de la ville.
Hormis quelques problèmes liés à la Guerre Civile Russe et à l’occupation par la Wehrmacht de l’été 1942 à janvier 1943, dont l’action d’un Commando d’extermination des juifs est présentée dans le roman les Bienveillantes de Jonathan Littell, cette cité traversa les décennies communistes assez tranquillement. Et le tourisme thermal y représente toujours une activité majeure, même si la crise des années 1990 a laissé des traces.
L’importance politique de la ville a augmenté car depuis 2010, elle abrite le siège du district fédéral du Caucase du Nord.
Une ville-promenade jeune et multiethnique
Même si la ville est majoritairement habitée par des russes, de nombreux autres peuples y vivent : bien sûr ceux du Caucase du Nord et surtout des Arméniens. La cohabitation est plutôt paisible et ils peuvent se retrouver lors de la fête du jour de la ville début septembre, où chaque communauté possède son stand.
Ce côté multiethnique est encore renforcé par la présence d’étudiants venant des différentes Républiques du Caucase, ce qui fait de Pyatigorsk une ville assez jeune.
Profitant d’un climat doux avec un automne assez chaud (on était encore en t-shirt dehors l’après-midi fin octobre), un hiver assez court de fin décembre à fin février, les jeunes de la ville et les curistes aiment sortir le soir pour se promener tranquillement sur l’avenue Kirov, surnommée « Broadway », dans les parcs Tsvetnik, Kirov pour profiter de ses attractions, autour et jusqu’au sommet du mont Mashouk.
Par beau temps, les alentours permettent de faire de belles promenades tout en profitant des paysages caucasiens, notamment au parc gigantesque de Kislovodsk, une ville voisine où se dessinent les premiers contreforts du Caucase, ou bien de faire cuire des chachliks (grillades caucasiennes).
Un centre francophone
Parmi les quelques universités de la ville, on peut citer notamment l’Université Linguistique d’Etat de Pyatigorsk (ПГЛУ, PGLU) au sein de laquelle se trouve une faculté de langue française, qui a fêté ses 55 ans en 2012.
En plus de son côté linguistique, les futurs instituteurs et des étudiants en tourisme, en sport y suivent des cours. Des leçons de français sont également données aux facultés des relations internationales, d’interprétariat, de tourisme et de management.
Ces amoureux de la France et de sa culture voient un peu notre pays par Paris, ville de l’amour, d’Amélie Poulain et de la Tour Eiffel, ses grands artistes, de Mireille Mathieu, Joe Dassin à Zaz et Yannick Noah. Leur but est en général d’y aller en vacances, et un programme avec l’Université de Limoges et les postes de fille au pair leur permettent d’y vivre un an.
Pour ceux qui y sont allés, ils n’en ramènent que de bons souvenirs mais restent un peu gênés par le côté multiethnique de Paris qui ne correspond pas à leurs stéréotypes. Mais même si la France a une excellente image dans la ville, le nombre d’enfants à l’école et d’étudiants qui apprennent cette langue diminue chaque année.
Simple mauvaise passe ou déclin durable, seul l’avenir nous le dira.
Par Benjamin Imhoff
Merci pour cet article! J’ai pu visiter cette ville il y a quelques années et j’aurai bien aimé avoir un guide aussi bon.
A visiter également dans les alentours Домбай (Dombaï) pour son côté “village suisse” et Kislovodsk (Кисловодск), autre station thermale mais avec un nom a priori moins attirant: eau acide.
Arnaud de walbo.com, blog Russie et monde russe