Interview – Apprendre le russe / Jean François Guélain

Jean François Guélain, grand spécialiste de la Russie journaliste et ancien rédacteur en Chef du Courier de Russie nous explique comment il a appris le russe. Il partage avec nous ses trucs et astuces, dont certains vont certainement vous aider.

Thomas : Bonjour et bienvenue pour cette nouvelle interview de Russie.fr. Nous allons  parler un peu d’apprentissage de la langue Russe. Je suis avec Jean François Guélain qui est un grand spécialiste et un fin connaisseur de la Russie pour y avoir séjourné ou être entre la France et la Russie depuis plus de trente années… Trente-huit ans je crois ?

Jean François Guélain : Oui.

Thomas : Et donc tu parles parfaitement russe aujourd’hui.

Jean François Guélain : Parfaitement non, mais très couramment.

Thomas : Voilà. Tu travailles en russe couramment, tu as pleins d’amis russes. Et il n’y a aucun problème pour toi pour accéder à une information en russe et tu arrives à décrypter ce n’est pas un souci.

Jean François Guélain : Exactement.

Russie, OTAN, RussophobieThomas : Tu as commencé comme beaucoup de gens en France au Lycée, avec notre bonne vieille méthode française. Est-ce que tu peux nous parler de tes débuts en russe ?

Jean François Guélain: J’ai commencé en prenant russe première langue, je crois qu’on avait quatre heures de cours par semaine avec des méthodes de russe.

Thomas : C’est pas mal déjà, par rapport à d’autres.

Jean François Guélain : Oui. En tout cas quatre heures par semaine, ce n’était pas beaucoup. Et en plus moi j’ai toujours été un lycéen assez feignant et en dehors des quatre heures de cours, chez moi je ne travaillais absolument pas.

Thomas : D’accord.

Jean François Guélain : La seule chose que je peux dire, c’est que je sais que beaucoup de gens sont rebutés par l’alphabet cyrillique. Or l’alphabet cyrillique je pense que pour une personne qui s’intéresse un peu aux langues, ça s’apprend en deux jours.

Thomas : En deux jours, Ok.

Jean François Guélain : Oui. Je crois qu’il faut deux jours. La plupart des lettres sont familières, soit à partir du Latin, soit à partir du Grec. Et les voyelles sont quand même assez proches.

Thomas : C’est ça.

Jean François Guélain : Donc l’alphabet cyrillique n’est pas une difficulté. Et ça, c’est la première chose.

Thomas : Sur les trente-deux lettres et signes russes, il y a moins d’une dizaine de lettres typiquement russes que l’on ne connaît pas.

Jean François Guélain : Oui voilà.

Thomas : Mais pour le reste on a des repères.

Jean François Guélain : On a des repères notamment avec le grec. Le gamma, ce n’est quand même pas difficile, le D russe est très proche du delta Grec, on a le F aussi. Bon, c’est vraiment facile. Il y a peu de lettres qui présentent vraiment une difficulté.

Thomas : Donc l’alphabet, c’est une fausse difficulté, il faut être clair avec ça.

Jean François Guélain : C’est une fausse difficulté. On peut s’entraîner avec des mots familiers russes, puisqu’ils sont à peu près les mêmes qu’en français, par exemple restaurant, aéroport, des choses comme ça. Si on les voit écrits en russes, puisqu’on les connaît et qu’on les comprend, on va retrouver la correspondance des lettres et on va s’apercevoir que c’est très facile.

Thomas : D’ailleurs, ça peut même devenir un petit jeu de retrouver les correspondances.

Jean François Guélain : Voilà. Je pense que pour l’alphabet russe, on n’apprend pas à écrire en deux jours, mais on apprend à lire en deux jours.

Thomas : D’accord, même si on ne comprend pas.

Jean François Guélain : Même si on ne comprend pas.

Thomas : C’est important de le dire.

Jean François Guélain : Voilà, même si on ne comprend pas, on peut prononcer les mots et arriver à les déchiffrer. C’est un petit effort mais ça vient extrêmement vite.

Thomas : Donc lire les pancartes et les stations de métro, voyager avec quelques points de repères déjà.

Jean François Guélain : Voilà, ça n’a rien à voir avec la difficulté d’une langue comme l’arabe ou carrément du chinois ou du japonais. C’est vraiment très facile et c’est très rapide.

Thomas : Ok. Comment as-tu progressé ? En même temps ou après le lycée ?

Jean François Guélain : Moi j’ai progressé très lentement. Quand je suis arrivé au bac j’avais donc sept ans de russe derrière moi. J’étais très mauvais. Enfin j’étais un des bons élèves de ma petite classe. Mais j’estime que mon niveau était dérisoire. Ensuite j’ai fait Langues O’ où j’ai progressé et surtout solidifié ma connaissance de la grammaire russe.

Thomas : Alors Langues O’ pour la petite histoire c’est…

Jean François Guélain : L’Institut National des Langues Orientales : INALCO.

Thomas : C’est probablement la meilleure école de langues en France aujourd’hui.

Jean François Guélain : Oui et c’est probablement même une des meilleures écoles de langue du monde, je pense.

Thomas : D’accord.

Jean François Guélain : Voilà c’est une très bonne école. Ce qu’il faut savoir, c’est pourquoi on trouve certaines langues faciles comme l’italien ou l’anglais ou en tout cas accessibles. C’est tout simplement parce qu’on est dans un environnement ou ces langues sont proches. L’anglais on le voit tous les jours. Même si on ne l’a pas appris on finira par l’apprendre instinctivement par capillarité.

Thomas : Oui c’est clair.

Jean François Guélain : Et l’italien est très proche de nous. Or pour le russe, la grande difficulté que j’ai eue, c’est qu’il n’y avait pas de rock russe comme les Beatles en anglais, j’ai appris l’anglais avec les Beatles, je parlais anglais avant de l’apprendre.

Thomas : Pas de films russes…

Jean François Guélain : Voilà pas de films russes, on entend jamais le discours russe et on ne le voit jamais, donc c’est ça la difficulté. Il faut se familiariser. Aujourd’hui c’est plus facile. On peut écouter la radio, regarder Russian Television, Russia Today, etc…

Thomas : Donc on se crée un environnement entier en russe autour de soi par le web.

Jean François Guélain : Exactement. Et puis il y a même quelques groupes de rock russe à peu près décents dont on peut trouver les albums en France ou sur internet. Voilà, la difficulté du russe c’est la pratique.

Thomas : Ok. Est-ce que tu aurais un conseil à donner à ceux qui commencent, ceux qui débutent ?

Jean François Guélain : La première chose qu’il faut se dire c’est que c’est possible. Ce n’est pas une langue extrêmement difficile, contrairement à ce qu’on croit. La difficulté du russe à mon avis c’est l’accent tonique. Donc ça je le laisse aux professeurs. Et puis la prononciation et la pratique, l’habitude. Donc pour apprendre le russe, il faut beaucoup en écouter. Même si on ne comprend pas, il faut beaucoup en écouter.

Thomas : Et beaucoup en lire même si on se trompe au début.

Jean François Guélain : Même si on se trompe au début, il faut beaucoup en lire. Mais je pense qu’il y a des méthodes audiovisuelles. Mais effectivement il faut être dans un environnement.

Thomas : Ok.

Jean François Guélain : Et je veux rajouter quand même quelque chose. Quand je suis sorti de l’Institut des langues orientales, j’ai commencé à travailler. Et c’est seulement après, à l’âge de 25 ans (j’avais finis mes études à 22 ans), que j’ai vécu en Russie pour la première fois.

Et quand je suis arrivé en Russie au début et que j’ai eu ma première conversation technique par téléphone, puisque j’étais attaché culturel, ça m’a paru au début extrêmement difficile. Mais c’est arrivé assez vite. Et tout ce que j’avais accumulé avant m’a permis de parler.

Mais ce qui m’a fait beaucoup progresser, c’est de me décider à lire de la littérature russe, en russe. Je l’avais fait un tout petit peu au lycée, un tout petit peu à Langues O’ mais de façon très insuffisante. Un jour j’ai pris Crime et châtiment de Dostoïevski, un stabilo et je me suis dit “j’y vais !”

Thomas : Avec son dictionnaire sur le genou…

Jean François Guélain : Non, je lisais un chapitre et je « stabilosais » les mots, non seulement que je ne comprenais pas (et ils étaient très nombreux), mais aussi les mots qui revenaient souvent et dont j’avais l’impression qu’ils étaient des pivots structurants des phrases.

Je ne m’arrêtais pas avec le dictionnaire sinon je n’aurais jamais pu lire. Au début je lisais un peu dans le brouillard, je devinais plus que je ne comprenais et, au fur et à mesure, les mots sont rentrés. C’est comme ça que j’ai pu acquérir le vocabulaire. Mais le dictionnaire, je ne l’utilisais qu’à la fin du chapitre pour apprendre une demi-douzaine de mots qui me paraissaient important et que j’avais stabilosés.

Thomas : D’accord c’est-à-dire que tu lisais le plus possible sans l’aide du dictionnaire…à l’aventure…

Jean François Guélain : A l’aventure, absolument. Et je m’arrêtais à la fin de chaque chapitre ou d’un nombre X de pages pour regarder d’un seul coup un certain nombre de mots.

Et en faisant cela, une nouvelle compréhension a posteriori de ce que j’avais lu arrivait. Et comme j’avais vu les mots dans leur contexte, j’étais capable de les réutiliser.

Thomas : Voilà. Ça c’est un point très important pour tous ceux qui écoutent cette interview. Si on ne comprend pas, ce n’est pas grave. On continue quand même. Ce n’est pas un problème, au contraire.

Jean François Guélain : Oui, au contraire.

Thomas : Voilà on va s’arrêter là-dessus, merci beaucoup. Et à très bientôt pour une prochaine interview de Russie.fr.

Merci d’avoir suivi cette interview. J’espère qu’elle vous aura aidé :):

Faites moi part de vos réactions dans les commentaires ci-dessous. Et si vous souhaitez que j’interview quelqu’un en particulier, dites le moi aussi 🙂

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